L’île de Gorée fut le premier site sénégalais et l’un des premiers en Afrique à être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1978. D’après les fouilles archéologiques réalisées, elle a été occupée par des populations africaines bien avant l’arrivée des Européens sur les côtes de l’Afrique occidentale. En attestent une industrie microlithique probablement d’âge néolithique mais surtout d’importants dépôts archéologiques datant 400-800 AD. Ce n’est qu’en 1444 ou 1445 que des marins Portugais arrivent à la péninsule du Cap Vert et y repèrent l’île de Gorée. Au 17e siècle, les Hollandais y construisent deux forts et s’ensuivent d’importantes transformations dans le paysage bâti de l’île à partir du 18e siècle. En plus des produits de traite, les Européens introduisent de nouvelles formes architecturales, de nouvelles technologies, de nouvelles plantes et de nouveaux animaux. C’est aux Hollandais qu’on doit les deux premières fortifications: Fort Nassau dans la partie du nord-ouest de l’île et le Castel juché sur la colline qui borde l’île au sud. À partir de la seconde moitié du 18e siècle, plusieurs puissances européennes, notamment la France et l’Angleterre s’adonnent à une rude compétition pour le contrôle de Gorée. On note à cette période un flux extraordinaire des produits de traite, lesquels traduisent un goût accru pour ces derniers mais aussi une plus grande démocratisation de l’accès. Gorée se présentait alors comme une île cosmopolite, pourvoyeuse de multiples services aux navires négriers connectant l’Afrique, l’Amérique et l’Europe.
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C’est aux Hollandais que l’on doit le nom actuel de l’île : « Goeree », qui veut dire « un bon port ». Le nom indigène de l’île, aujourd’hui très peu connu, est Bër. Gorée à l’instar des autres localités de la région de Dakar ou du Sénégal serait sous la protection d’un génie du nom de Coumba Castel.
Saint-Louis fut la toute première capitale du Sénégal colonial de 1872 à 1957 et des possessions françaises en Afrique occidentale jusqu’en 1902. Dans l’histoire coloniale du Sénégal, l’île se présente comme une ville cosmopolite où cohabitent des cultures africaines très diverses, européennes et arabo-islamiques. Elle fut aussi le réceptacle des premiers balbutiements de la démocratie sénégalaise où la population indigène, les colons européens et les métis afro-européens se disputèrent assez hardiment le leadership politique au 19e et 20e siècles. Cette riche histoire lui a valu son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO en 2000, comme une ville coloniale où s’est développée une architecture et un art de vivre spécifique. Cependant le cachet laissé sur l’aménagement du paysage, la vie culturelle et l’économie urbaine par les populations africaines, notamment sénégalaises ou en provenance de l’ancien Soudan français (Mali), est souvent négligé mais mériterait une attention spéciale.
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Tout comme Gorée, Saint-Louis à aussi son génie protecteur qui s’appelle Mame Coumba Bang. Saint-Louis est aussi la seule ville Africaine prise entre deux eaux (fleuve Sénégal et Océan Atlantique).
Sources
- Aïdara A. (2004). Saint-Louis du Sénégal d’hier à aujourd’hui, Grandvaux, 143 p.
- Camara A. and Roger de Benoist J. (2003). “Histoire de Gorée”. Maisonneuve & Larose [Link]
- Ka S. M. (2012). Devenir d’un patrimoine architectural et urbain d’une ville en mutation: Saint-Louis du Sénégal. Thèse, Université d’Aix Marseille, 361p.
- Patrimoine mondial de l’UNESCO. “Île de Gorée” [Link]
- Patrimoine mondial de l’UNESCO. “Île de Saint-Louis” [Link]
- Thiaw I. and Wait G. (2018). Presenting Archaeology and Heritage at a UNESCO World Heritage Site: Gorée Island, Senegal. Advances in Archaeological Practice [Link]
- Thiaw, I. (2011). “Slaves without shackles: an archaeology of everyday life on Gorée Island”. In, Lane P. & K. MacDonald (eds), Slavery in Africa: Archaeology and Memory. Proceedings of the British Academy [Link]
- Thiaw, I. (2008). “Every house has a story: the archaeology of Gorée island, Sénégal”. In L. Sansone et al. (ed) Africa, Brazil and the Construction of Trans-Atlantic Black Identities. Africa World Press [Link]
- Thilmans G. (2006). L’église oubliée de Saint-Louis du Sénégal, dans Outre-Mers. Revue d’histoire, no 350-351, p. 193-236.
- Toulier, B. (2003). Saint-Louis du Sénégal, un enjeu pour le patrimoine mondial. In Situ. Revue des patrimoines, (3) [Link]
- Zamani Project. “ÎLE DE GORÉE” [Link]